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10 août 2016

La Pamir Highway

De Khorog à Osh : 741 kilomètres

Lors de notre arrêt prolongé au Pamir Lodge à Khorog, nous changeons les pneumatiques à Frisette et Passpartou. Pour les initiés, Frisette et Passpartou étaient équipés de Schwalbe Marathon XR totalisant pour Frisette 38000 kilomètres. Nos nouveaux pneus sont des Marathon Mondial 26"/2.00, idéal pour la piste, quel confort avec ces nouveaux pneus, beaucoup plus adaptés pour passer le Pamir.
Dès notre départ de Khorog la route s'élève, la haute montagne nous attend, nous entrons dans le Pamir.










Au loin, nous apercevons une cyclote, c'est Martine une Québécoise que nous rattrapons dans la montée. Nous discutons un bon moment avec elle avant de continuer notre route, en ayant décidé de bivouaquer ensemble ce soir.



Martine


Bivouac le premier soir ensemble



Une famille nous accueille pour passer notre deuxième nuit en compagne de Martine

Nous roulons quatre jours ensemble avec Martine et faisons une nouvelle étape à Jelandy, nous passons la nuit dans une home stay, et des sources d'eaux chaudes. 


L'eau est très soufrée, à plus de 40°, quel bien être après une dure journée de vélo.

La route continue à s'élever et nous évoluons sur de la piste plus ou moins défoncée. Au prix de maints efforts, nous passons notre premier col à 4272 mètres d'altitude sous quelques flocons de neige, le souffle est court, le rythme cardiaque est élevé, avons peine à respirer dès le moindre effort.  

Passé ce premier col, nous plantons nos tentes derrière un mur à l'abri d'un vent violent.


Viennent se joindre à nous, Peter et son fils, deux voyageurs Allemands qui posent leur tente à côté de celle de Martine et de la nôtre.
Le lendemain, nous partons tous les cinq pour gravir notre deuxième col à 4137 mètres d'altitude, sur de la piste, ce qui augmente encore la difficulté.
Nous décidons Nicole et moi de quitter la Pamir Highway pour aller au lac Yashil Kul et ses sources d'eaux chaudes; nous quittons nos trois compagnons de route. Par une piste en mauvais état, tôle ondulée, nous arrivons à Bulunkul, petit hameau perdu dans la montagne, au milieu de nulle part


Au loin, après plusieurs heures de piste, nous apercevons enfin Bulunkul.


Devant une home stay, nous rencontrons Yves et Patrick, deux français voyageant en 4X4. Ensemble, dans leur véhicule nous allons jusqu'aux sources d'eau chaude loin dans la montagne. Nous passons toute la soirée en leur compagnie à nous raconter nos voyages respectifs puis dormons dans le même dortoir.


Une merveille de la nature, les sources d'eaux chaudes qui jaillissent des entrailles de la terre.

Le lendemain matin, nous quittons tout ce petit monde en reprenant une piste nous menant à Alichur. Le spectacle est grandiose, nous parcourons quarante kilomètres sans rencontrer âme qui vive avant d'apercevoir enfin les premières maisons.



Tellement pentu qu'il faut souvent pousser!





Seul dans cette univers minéral



Le lac de Yashil Kul



Les premières maison d'Alichur, quel soulagement après cette rude journée. 




Dans cette petite ville d'Alichur, nous retrouvons la Pamir Highway, et descendons dans une home stay en compagnie d'autres cyclos voyageurs, l'endroit est rudimentaire comme à chaque fois, mais on se contente de peu. Evidemment, ni eau ni électricité, mais l'établissement dispose d'un petit groupe électrogène qui fonctionne quelques heures le soir, de quoi recharger ce dont nous avons besoin, et également un petit éclairage par batterie. Pas grand chose pour se nourrir, nous nous contentons d'une bonne soupe au dîner. Au petit déjeuner, des œufs, du pain trempé dans le thé et du beurre de yak, pas de quoi se restaurer correctement pour affronter la journée qui nous attend.
Si dans la montée dans le Pamir nous apercevons quelques cultures, pommes de terre et autre, à Alichur ce n'est plus le cas, à cette altitude plus rien ne pousse sur le plateau du Pamir. On se demande de quoi et comment peut vivre cette population dans ces villages sans eau courante ni électricité. Seuls quelques troupeaux de vaches, et de chèvres pour survivre.


Plus haut sur le plateau seuls des yaks résistent aux durs conditions. 

Entre Alichur et Murgab, nous passons encore par un col de plus de 4000 mètres, le troisième à cette altitude. Passé ce col, la route redescend jusqu'à Murgab, petite ville située à 3200 mètres, nous venons de descendre de 1000 mètres.






Sur ce parcours, encore une invitation, celle-ci hors du commun, on nous offre à boire et à manger dans une yourte Kirghiz. Cette population est nombreuse depuis Alichur.
Arrivés à Murgab, nous passons la nuit dans une guest house. Le lendemain matin, nous reprenons la route vers le point culminant de notre voyage; un col à 4655 mètres. La route s'élève progressivement, pas très pentue, mais avec un fort vent de face épuisant. Après quelques heures de selle, vers 3800 mètres, nous apercevons une ferme isolée à proximité d'un torrent, et allons à la rencontre de ses occupants.


Une femme accompagnée de ses quatre enfants nous fait de grand signes et nous reçoit d'emblée, elle nous propose de rentrer, offre à boire et à manger comme de coutume, puis nous demande de rester dormir sur place.


Ce couple de bergers possède environ une centaine de bêtes, chèvres et moutons, ils vivent dans une grande simplicité. Bien entendu, pas d'eau ni électricité, seul un petit panneau solaire recharge une batterie, qui le soir venu permet d'allumer l'unique ampoule de la pièce principale. Celle-ci sert de cuisine qui dispose d'un chauffage avec four alimenté par la bouse d'animaux, de salle à manger, et de dortoir pour toute la famille. Tout ce petit monde vit confiné dans cette pièce. Quand à l'eau, celle-ci est puisée dans le torrent qui coule en contre bas de la modeste demeure, il sert également à laver la vaisselle et le linge de temps à autre.



La pièce principale de la maison


Préparation du pain


Stock de combustible pour le rude hiver, jusqu'à -40°

La famille autour de la "tablée".

Nous assistons à la préparation de la pâte, la cuisson du pain, aliment principal avec le lait et le beurre.
Quel privilège que de partager ces quelques moments avec ces gens si généreux et accueillants. Pour leur faire plaisir, nous offrons à notre tour le pot de Nutella aux enfants qui se régalent lors du petit déjeuner, ce qui les change du petit déjeuner quotidien, du thé salé au lait avec du pain trempé dans le bol. Avant notre départ, nous laissons des pâtes, du poisson en conserve ainsi qu'une contribution financière.
Au départ ce matin, cette journée s'annonce encore difficile, certes la route n'est pas très pentue, mais nous devons lutter contre un vent extrêmement violent et froid. Au fur et à mesure que nous montons vers ce grand col l'air se raréfie, 25% d'oxygène en moins au delà de 4000 mètres, il faut gérer au mieux nos efforts, on s’essouffle vite, le pouls s'accélère. Renaud commence à avoir mal à la tête, on décide de s'arrêter devant un pâté de maison, nous ne sommes qu'à 4 kilomètres du col mais à seulement 4300 mètres, le plus dur et le plus pentu reste à venir. A peine pied à terre que nous sommes invités par Isman et Ourpaïm, un couple de Kirghiz qui vit ici. Peu après, nous échappons à la tempête de neige, bien au chaud chez eux, quelques instants plus tard arrive un groupe de cyclos Estoniens venus se réfugier chez eux. 



Leur demeure


Ourpaïm, Rarmathlo dans ses bras, et Isman son mari.



Ce couple et leur petit Rarmathlo vivent encore plus modestement que les familles précédentes, ce qui ne les empêchent pas de nous choyer en nous offrant tout ce qu'ils possèdent. Malgré la barrière de la langue, à l'aide de notre livre de voyage imagé, nous arrivons à échanger et communiquer, et surtout bien rire ensemble. Nous leur montrons comme à notre habitude des photos de la famille, et de France ainsi que la carte du monde pour situer notre pays et le leur. Comme les précédents, ce couple est adorable, Isman est très pieux, plusieurs fois par jours, il pose un tapis au sol et se met à prier; il faut savoir que tous ces pays d'Asie Centrale sont de confession musulmane. Avant notre départ, le lendemain matin, nous leur donnons de quoi acheter un sac de farine de 50 kgs, ce qui leur permet de faire leur pain pour environ trois mois. Tellement émus par ce geste, ils ont tous deux les larmes aux yeux. Nous les embrassons et partons sous un beau ciel bleu, arpenter les derniers kilomètres très raides du col Akbaytal qui culmine à 4655 mètres. Arrivés là haut, la vue est spectaculaire, nous ne pouvons exprimer ce que nous ressentons tellement l'émotion est forte, nous sommes sur le toit de notre voyage, depuis notre départ. Il fait beau ce qui nous permet de nous attarder longuement. C'est avec beaucoup de courage et de volonté que Renaud est arrivé ici car le genou l'handicape énormément, et notre joie là haut est d'autant plus grande car cela paraissait compromis.






Les derniers kilomètres avant le col



En haut, à 4655 mètres


C'est grandiose



La descente du col est moins agréable, difficile de choisir le meilleur endroit où passer entre la piste tôle ondulée provoquée par le sable et les cailloux. Après plus de 25 kilomètres, nous retrouvons la portion bitumée, malgré la descente il nous faut pédaler car il y a un vent de face extrêmement violent et froid. A proximité d'un torrent, nous filtrons l'eau et plantons la tente. Dans la soirée, deux jeunes couples Ukrainiens viennent se joindre à nous exténués face à ce vent violent.



Ce matin, au réveil, le temps est couvert, il fait froid, et peu après notre départ comme les derniers jours, le vent se lève, mais cette fois-ci il nous pousse, la route est belle, les paysages sont de toute beauté, doucement nous roulons vers Karakul.











Rencontre avec la population locale












La flore et la faune



Frontière avec la Chine

Karakul est le dernier village avant la frontière. 

Son lac salé naturel est situé à 3800 mètres d'altitude, le paysage est de toute beauté avec en toile de fond des sommets à plus de 7000 mètres et toutes ces langues glacières.



  Au centre, le Pic Lénine 7134 mètres.




Dans l'avant dernier col à plus de 4200 mètres, nous plantons la tente et partons le lendemain faire une marche à l'approche d'un glacier à plus de 5000 mètres d'altitude, nous sommes montés plus haut que le Mont Blanc.



La montée du col, après Karakul



 A plus de 5000 mètres


Notre dernier col au Tadjikistan, 4336 mètres, peu après la douane puis un nouveau pays, le Kirghizistan.

3 commentaires :

  1. Salut les cyclos. Que de souvenirs, cette route est magnifique. J'ai refait la route avec vous, me suis arrêtée dans les mêmes maisons parfois, et nous avions dormi au col Ak Baytal à 4655 m pour voir ce que ça faisait de dormir si haut... Trop beau ! Merci pour votre partage et bien dommage que vous soyez obligés de rentrer. :-(

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  2. Bonjour tous les deux.
    Magnifiques paysages. Désolée pour ton genou Renaud; je comprends car j'ai le même problème. Soigne toi vite pour repartir vite. J'attends avec impatience la suite de votre aventure.
    Evelyne

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  3. Bonjour les amis,
    Nous pensons bien à vous et nous souhaitons Renaud que ton genou se rétablisse au plus tôt. C'est déjà énorme tout ce parcours effectué et quel plaisir vous nous avez procuré pendant ces 18 derniers mois.
    Nous profiterons pour nous voir plus vite que prévu.
    Gros bisous.
    Paul et Véro

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